Deux journées de réflexion à Marseille : compte rendu du colloque annuel du CRIR AVS PACA 2024
Le(s) secret(s) : Du silence à la parole dans la clinique des violences sexuelles
Les 5 et 6 décembre 2024, nous avons organisé à l’Hôpital de la Timone à Marseille le colloque annuel du CRIR AVS PACA sur le thème « LE(S) SECRET(S) : Du silence à la parole dans la clinique des violences sexuelles ». L’évènement a réuni des experts de divers horizons pour explorer les multiples facettes du secret, du silence et de la prise de parole dans le contexte des violences sexuelles, et plus de 200 participants.
Voici une synthèse des interventions marquantes de ces deux journées riches en échanges et réflexions.
Jeudi 5 décembre 2024
La journée a débuté par des allocutions de bienvenue, suivies d’interventions consacrées aux fonctions et définitions du secret. Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre à Marseille, a exploré la dualité du secret, à la fois structurant et destructeur, en soulignant son rôle crucial dans le développement psychique de l’enfant. Paula Lorelle, philosophe à Aix-Marseille Université, a analysé les notions de secret, silence, tabou et intime dans un cadre sociétal élargi, mettant en lumière le rôle du silence collectif dans la perpétuation des violences sexuelles.
Sandrine Bouchayer, magistrate détachée, et Jérôme Bertrand, chargé de mission à la Ville de Marseille, ont présenté l’évolution de la législation sur le secret dans la protection de l’enfant, en s’appuyant sur les recommandations de la CIIVISE pour améliorer la prise en charge des victimes.
L’après-midi, les enjeux systémiques liés au secret dans les familles et les institutions ont été abordés. Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie, a analysé les secrets familiaux traumatiques et leur impact intergénérationnel, insistant sur l’importance de rompre ces cycles. Mathieu Lacambre, psychiatre au CRIAVS-LR, et Wayne Bodkin, docteur en psychothérapie, ont examiné les silences entourant les violences sexuelles dans des contextes institutionnels tels que l’Église ou le milieu sportif, et ont proposé des pistes concrètes de prévention.
Vendredi 6 décembre 2024
La matinée a été consacrée aux révélations et aux secrets professionnels. Vincent Girin, élève avocat, a évoqué les enjeux éthiques du secret médical et les conditions de sa levée. Géraldine Maunier et Julien Noé, juristes spécialisés en droit hospitalier, ont analysé les tensions entre le cadre réglementaire et la pratique quotidienne des soignants, et ont proposé des ajustements pour mieux protéger les victimes.
Syntia Khedoumi, docteur en droit, et Viny Bousquet, psychiatre au CRIAVS PACA, ont abordé les obligations légales et les conditions de signalement des situations préoccupantes. Iohanna Rousset, juriste au CRIAVS ARA Lyon, et Aurélie Vittoz, psychologue clinicienne, ont exploré les spécificités des soins pénalement ordonnés (SPO), en insistant sur les dilemmes éthiques et pratiques qu’ils impliquent.
L'après-midi, la parole a été donnée aux victimes et aux auteurs. Sébastien Boueilh, président de l'association « Colosse aux pieds d’argile », a partagé son expérience dans l’accompagnement des victimes et ses réflexions sur la prévention. Maeva Genin, doctorante en psychologie sociale, a étudié l’impact des croyances et injonctions sociales sur le rétablissement des victimes après une agression.
Sandie Iffli, psychologue clinicienne au CRIR AVS PACA, et Joëlle Palma, psychiatre au CRIAVS PACA, ont analysé le déni et la non-reconnaissance des actes par les auteurs de violences sexuelles, des phénomènes générateurs de défis majeurs pour les professionnels.
Conclusion
Les échanges ont permis d’approfondir la compréhension des dynamiques entourant le secret et ses effets, tout en proposant des pistes concrètes pour la prévention et la prise en charge des violences sexuelles.
Les discussions ont souligné l’importance de soutenir la prise de parole, tant pour les victimes que pour les auteurs, tout en prenant en compte les défis éthiques et légaux du secret professionnel. Les pistes évoquées ouvrent des perspectives prometteuses pour améliorer les dispositifs existants, protéger les victimes et prévenir efficacement les violences.
Nous tenons à remercier chaleureusement les intervenants et participants pour leurs contributions précieuses, qui ont enrichi nos connaissances et renforcé notre engagement à œuvrer contre les violences sexuelles.