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Des infirmières gériatriques aux Urgences

Publié le :
29/06/2023 à 09:40

Pour une personne âgée, un passage aux Urgences peut s’avérer particulièrement éprouvant et déroutant, a fortiori si elle n’est pas accompagnée et entourée. Attente longue et inconfortable, souvent sans pouvoir s’hydrater ni s’alimenter, perte de repères, angoisse… autant de paramètres pouvant altérer davantage la condition de personnes déjà en état de grande vulnérabilité.

 

Depuis près de 3 ans, des postes d’infirmières gériatriques aux Urgences ont été créés pour dépister les fragilités chez les patients de plus de 75 ans, leur apporter une attention, des soins et un accompagnement plus spécifiques. Actuellement, 3 infirmières occupent ces postes à l’Hôpital de la Timone, et 3 autres à l’Hôpital Nord. Elles fonctionnent de manière à pouvoir assurer une présence 7j/7, week-ends et jours fériés inclus, de 8H30 à 18H30. Leur rôle est crucial pour éviter aux personnes âgées d’avoir à revenir aux Urgences du fait d’un isolement et de fragilités non décelés ou pris en compte lors de leur passage initial.

 

« Beaucoup de patients âgés ne sont plus du tout suivis par leur médecin traitant » explique Hélène FAUCON, infirmière gériatrique aux Urgences de la Timone. « Certains ont des pathologies connues mais leur traitement n’a jamais fait l’objet d’une réévaluation et d’un ajustement. Pourtant leur état a évolué au fil du temps, de nouvelles problématiques ont pu apparaître. Des personnes arrivent parfois dans un état catastrophique de dénutrition ou de déshydratation. Souvent, les familles n’en sont pas conscientes. Par exemple, la personne va avaler quelques cuillérées de soupe le soir et affirmer très bien se nourrir à ses enfants par téléphone. Notre rôle est de repérer tous ces facteurs pouvant entraîner une dégradation de l’état de santé et des situations de détresse parfois vitales. »

 

 

Les repérer et y remédier grâce à de nombreux leviers : détection de troubles cognitifs, mise en place d’aides à domicile, organisation d’un suivi avec prise de contact du médecin traitant et envoi de comptes rendus par boîte mail sécurisée, appui apporté aux aidants et aux familles… Pour réaliser tout cela et bien plus encore, les infirmières gériatriques des Urgences s’appuient sur un réseau particulièrement étendu et une connaissance parfaite des ressources disponibles, qu’elles soient intra ou extra hospitalières.

 

« Nous travaillons avec des assistantes sociales, avec l’équipe mobile de gériatrie, des psychologues et psychiatres, des infirmières et médecins de ville, des ergothérapeutes, nutritionnistes, aides ménagères, avec les centres communaux d’action sociale, des centres de rééducation, des maisons de retraites… toutes les structures et tous les professionnels susceptibles de contribuer au mieux-être et au soutien de la personne. En cas de nécessité nous pouvons également déclencher des hospitalisations directes, sans passage aux Urgences. »

 

Les infirmières gériatriques œuvrent ainsi sur plusieurs fronts, prenant en compte toutes les dimensions du soin et de l’accompagnement, assurant bien souvent un rôle crucial de relai auprès de l’entourage.

 

« Nous nous assurons de trouver et de systématiquement conserver les contacts des proches et toutes les informations nécessaires. Nous disposons de lignes téléphoniques directes et d’une adresse email dédiée. Quand les patients ou leurs proches ont des questions, ils peuvent nous joindre facilement. Une personne jusque-là parfaitement autonome qui tombe et se casse le poignet en faisant les courses ne peut pas simplement rentrer chez elle avec son plâtre, sans aucune aide prévue et organisée. Autrement, son quotidien va vite devenir impossible ! »

 

Grâce à ce dispositif, ce sont 2 000 personnes de plus de 75 ans qui ont pu être prises en charge et aidées en 2022. Par ailleurs, une évaluation a montré une réduction du temps de passage aux Urgences pour ces personnes d’au moins 30 minutes.

 

« L’équipe des Urgences nous a totalement intégrées, notre rôle est aujourd’hui identifié et reconnu. Nous communiquons également avec d’autres équipes d’IGU avec lesquelles nous partageons notre expérience. C’est un poste dont il serait difficile de se passer aujourd’hui, du fait du vieillissement de la population, des maladies chroniques et cognitives associées.