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L’étude LMS04 dans les léiomyosarcomes métastatiques en 1ère ligne dans le New England Journal of Medicine !

Publié le :
13/12/2024 à 10:47

Pour la première fois en 50 ans, l’ajout d’une nouvelle molécule au traitement standard de première ligne (la doxorubicine) des patients atteints de léiomyosarcomes métastatiques prouve son efficacité.

Depuis 50 ans, aucune étude scientifique n’avait été en mesure de prouver l’efficacité d’une molécule en association à la doxorubicine, dans le traitement de première ligne des patients atteints de sarcomes des tissus mous métastatiques ou avancés non opérables.

Les sarcomes représentent environ 1% des cancers de l’adulte et représentent environ 5000 nouveaux cas chaque année en France. Ces cancers rares se développent aux dépends des tissus de soutien de l’organisme et sont d’une très grande hétérogénéité. Ils sont dit « des tissus mous » quand ils se développent à partir des muscles, des tendons, des nerfs, de la peau, de la paroi des organes, ou « osseux » quand ils se développent à partir des os du squelette. Environ 3000 nouveaux cas de sarcomes des tissus mous sont diagnostiqués chaque année en France. Les leiomyosarcomes constituent l’un sous-groupes tissulaires les plus fréquents des sarcomes des tissus mous et prennent naissance à partir des muscles lisses, que l’on peut trouver dans les muscles des membres, dans la paroi de l’utérus. Diagnostiqués à un stade avancé ou métastatique ils présentent un pronostic défavorable.

Identifier de nouveaux traitements dans les sarcomes est un véritable défi, du fait de leur grande rareté et de leur hétérogénéité. Il est donc difficile de recruter un nombre suffisant de patients pour mener des essais cliniques. La chimiothérapie par Doxorubicine est la chimiothérapie « standard » en traitement de première ligne chez les patients ayant un sarcome des tissus mous métastatique ou avancé non opérable, depuis plus de 50 ans, quel que soit le sous-type tissulaire de sarcome des tissus mous.

Portrait du Professeur Florence Duffaud à l'AP-HM L’étude LMS04 intitulée « Doxorubicin-Trabectedin with Trabectedin maintenance in Leiomyosarcoma », promue par l’Institut Gustave Roussy, coordonnée par le Dr Patricia Pautier et co-coordonnée par le Pr Florence Duffaud à la Timone, a évalué l’ajout d’une nouvelle molécule au traitement standard prescrit aux patients atteints d’un leiomyosarcome métastatique ou non-opérable n‘ayant jamais reçu de chimiothérapie.

Les résultats définitifs publiés dans le New England Journal of Medicine, montrent une amélioration significative de la survie sans progression et de la survie globale dans le groupe de patients ayant reçu la combinaison Doxorubicine-Trabectedine suivi de la Trabectedine en maintenance par rapport à ceux du groupe ayant reçu la Doxorubicine seule.

L’étude de phase III intitulée LMS04 a été menée chez 150 patients atteints de leiomyosarcomes métastatiques ou avancés non opérables (utérins ou des tissus mous), n’ayant jamais reçu de chimiothérapie.

Dans cette étude, les patients ont été randomisés en deux groupes. Ceux inclus dans le 1er groupe ont reçu 6 cycles de Doxorubicine (traitement standard de première ligne dans cette indication). Les patients inclus dans le 2ème groupe ont reçu 6 cycles de l’association Doxorubicine-Trabectedine, suivis par un traitement de maintenance par Trabectedine pour ceux dont la maladie ne progressait pas. La chirurgie était autorisée dans les 2 groupes après 6 cycles de chimiothérapie, pour retirer la maladie résiduelle. Le critère d’évaluation principal de l’étude était la survie sans progression de la maladie et la survie globale était le critère d‘évaluation secondaire. Les résultat publiés dans le New England Journal of Medicine démontrent l’efficacité thérapeutique de la combinaison Doxorubicine-Trabectedine suivie de la Trabectedine en maintenance. La médiane de survie globale des patients ayant reçu ce traitement s’élève à 33 mois contre 24 mois pour le groupe de patients ayant reçu la Doxorubicine seule. Les résultats sont encore plus encourageants concernant la survie sans progression de la maladie. La médiane de survie sans progression passe de 6 mois dans le groupe Doxorubicine à 12 mois dans le bras Doxorubicine-Trabectedine suivi de la Trabectedine en maintenance.

Par ses résultats positifs cette étude va modifier la prise en charge, à l’échelle mondiale, de l’ensemble des patients atteints d‘un leiomyosarcome métastatique ou avancé non opérable.

Cette étude ouvre de nouvelles perspectives de recherche, notamment dans les liposarcomes, autre sous-type de sarcomes de tissus mous, dans lequel la trabectedine a déjà montré des signes d’efficacité thérapeutique en situation métastatique, mais surtout dans le traitement post-opératoire adjuvant (donné après la chirurgie de la tumeur localisée) des patients porteurs de leiomyosarcome localisé. Ainsi un nouvel essai de phase III, européen (étude L’UteCin) mené par le Groupe Sarcomes Français, coordonné par le Pr F. Duffaud (APHM) et co-coordonné par le Dr P Pautier (Institut Gustave Roussy), dont le promoteur est UNICANCER, va débuter dans les leiomyosarcomes utérins localisés, opérés, à haut risque de rechute. Cet essai va comparer la surveillance post-opératoire seule (qui est le traitement standard) à 4 cycles de chimiothérapie par Doxorubicine-Trabectedine.