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Virginie FOUILLOUX : le cœur sur la main
Publié le :
06/10/2020 à 18:08
Lorsqu’on demande au Pr Virginie FOUILLOUX de se présenter et de présenter le service Médico-chirurgical de cardiologie pédiatrique et congénitale[3] dont elle est co-responsable avec le Pr Caroline OVAERT, cardiopédiatre, on s’attend à ce qu’elle détaille en premier lieu ses fonctions, son rôle et parle de sa spécialité : la chirurgie. Pourtant, dès les premières phrases on se rend compte qu’il en ira tout autrement.
« C’est une spécialité où l’on met souvent en avant le rôle du chirurgien, mais le chirurgien tout seul ne sert pas à grand-chose. Nous sommes une équipe, nous fonctionnons tous ensemble : les cardio-pédiatres, les anesthésistes réanimateurs spécialisés, les infirmiers… nous travaillons ensemble et nous soutenons mutuellement. Nous vivons ensemble de véritables aventures humaines. De très belles choses, mais aussi des choses dramatiques. »
On imagine également qu’elle va évoquer tout l’aspect technique de son travail, car opérer des enfants de quelques mois à peine, effectuer des transplantations cardiaques sur des tout petits ce sont des challenges extraordinaires. Mais là encore les attentes sont déjouées :
« Oui j’ai envie d’innover, de réaliser des prouesses techniques, mais je considère avant tout le devenir de l’enfant. En chirurgie pédiatrique ce qui nous intéresse c’est comment, avec ce qu’on a fait, sera l’enfant dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans ! Quand on est chirurgien soit on se considère comme technicien et on se contente d’opérer ce qu’il y a à opérer, soit on regarde aussi ce qu’il y a autour. Le côté humain dans notre métier, je l’adore. »
Alors voilà, on finit par oublier nos attentes, nos idées préconçues et nos présupposés. On se laisse porter par la parole de Virginie FOUILLOUX car il est tout simplement rare d’écouter une personne aussi investie dans son métier, aussi passionnée par ce qu’elle fait.
Le service Médico-chirurgical de cardiologie pédiatrique et congénitale a connu ces 5 dernières années d’importantes restructurations. Il en résulte au final la constitution d’une équipe très jeune, extrêmement talentueuse et dynamique. L’équipe chirurgicale est composée du Dr Célia GRAN, du Dr Marien LENOIR et du Professeur Virginie FOUILLOUX.
« Le service est tissé d’un lien humain assez unique. On exerce un métier, mais ce sont des expériences de vie que nous traversons côte-à-côte. Ces relations que nous avons mises en place permettent d’avoir des professionnels prêts à se mobiliser à tout moment pour venir participer et contribuer au succès des interventions. »
Ces interventions, ce sont des moments où se joue la vie toute entière : des existences en suspens le temps que l’équipe accomplisse son travail d’orfèvre et que les cœurs battent de nouveau. Comme pour Emma, greffée à l’âge de 2 mois, ou Maël, greffé à 7 mois :
« Notre but au final, c’est de se faire aussi petits que possible pour laisser la place à l’enfant et à sa famille. Ce que je veux dire, c’est qu’on doit être capables de proposer une activité top niveau, mais en laissant le moins de traces possible dans l’histoire de chaque enfant. Il faut être conscient que ça peut bouleverser des trajectoires de vie, profondément affecter des familles. Alors chaque détail compte. Aujourd’hui le service est bien structuré pour suivre les patients tout au long de leur vie et accompagner les proches. On a une psychologue qui peut les aider à traverser cette épreuve. »
Bien sûr, tout cela soulève également des questions éthiques fondamentales :
« La greffe du tout petit, nous en sommes capables, nous connaissons les techniques chirurgicales et la réanimation. La problématique c’est qu’il y a très peu de donneurs. Et puis certaines équipes estiment que greffer avant un an ce n’est pas raisonnable, qu’il y a trop d’incertitudes. Il faut savoir qu’on n’est pas guéri une fois qu’on est greffé. Il faut prendre à vie des traitements immunosuppresseurs qui peuvent avoir d’importants effets secondaires.
Avec le Dr Florentine GARAIX, responsable du suivi des patients greffés, notre critère c’est l’autonomie : est-ce que l’enfant sera à même de vivre sa vie. Curieusement, ce sont ces sujets éthiques qui sont les plus complexes, et ceux pour lesquels les médecins sont le moins bien formés. Cela donne lieu en équipe à des discussions parfois très animées. Quand on greffe si jeune, c’est un pari. »
Une chose est sûre en tout cas : en décidant d’exercer le métier de chirurgien, Virginie FOUILLOUX a fait le choix de tout miser sur la vie.